On aurait facilement tendance à parler de lui comme d’un peintre, pourtant Franck Leviski se définit plus comme un plasticien. Quand on commence à comprendre son travail, on commence à saisir la nuance… qui n’en est pas une. En effet la peinture ; mais aussi le support, leur lien, mais avant tout leur matière sont au centre de sa pratique. La matière picturale apparaît alors comme élément mémoriel, preuve du temps qui passe et qui resurgit, palimpseste de ressenti, de plasticité.

A chaque interprétation du réel, d’une lecture qui le bouleverse, d’un fait divers, Franck Leviski peut commencer un nouveau cycle. Pas une série, ni une séquence, mais un cycle.

Chaque tableau fait partie d’un cycle, et chaque cycle est un fragment d’une œuvre globale qui s’inscrit dans le temps de l’artiste lui-même.

Chaque cycle se nourrit du précédent et de ses précédents.

A travers des formes picturales abstraites et pendant plus de 10 ans, Franck Leviski recouvre inlassablement, de façon protocolaire, des supports de bois de bandes verticales de couleurs, aboutissant à un mille-feuilles comme une sorte de rite obsessionnel. Puis à l’aide de différents outils, il vient enlever, arracher, poncer et retrouver certaines couches, mettant à nouveau à jour le temps de peinture passé. Ce cycle de création répétée donne au bout du compte plus qu’un tableau, un bas-relief où le spectateur peut sentir le geste, l’énergie du peintre dans son temps de création.

A la suite de ce cycle, la presque totalité des œuvres créées s’est vue recouvrir de nouveaux cycles créatifs gardant ainsi la mémoire de ce temps et venant nourrir le suivant. Ces cycles sont comme les cycles des saisons, les cycles menstruels, le cycle de la vie humaine.

 

Pour Franck Leviski déconstruire une œuvre c’est la reformuler, donc en créer une nouvelle.

 

Dans cet esprit viendront les cycles des « Vanités », celui des « Masques », « Tentative d’épuisement du réel » avec à la même période « Les transferts » et « Formes anthropomorphiques », « Entre deux », « Nous ne sommes définitivement pas les derniers » puis, encore aujourd’hui, le cycle des « Chaos ».

 

Autant de titres qui font appel aux notions qui lui importent, qui animent son travail : les mutations, le passage, la transformation et bien entendu le temps lié à la mémoire. Tout cela s’entremêle dans la pensée comme dans la réalisation plastique pour une recherche permanente, polyforme à la dimension de la temporalité d’une vie humaine.

 

Franck Leviski est né en 1969 à Périgueux. Il a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de Brive puis à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux.  Il est actuellement basé à Périgueux où il vit et travaille.

 

Nelly Faure 

 Agrégée d’Arts Plastiques